Poème pour une époque désincarnée…
Par Jean-Pierre d’AIGREMONT
Nos coûteuses maisons ne sont plus nos demeures,
Foyers où il est bon qu’on naisse, et vive, et meure,
Qu’on reçoit des aïeux, qu’on lègue aux rejetons !
Nous sommes des errants dans nos murs de béton !
Nos clochers ne sont plus au cœur de nos villages !
Nos églises vidées par les foules volages
Ne sont plus habitées par de vrais confesseurs,
Sont vendues, profanées ou livrées aux casseurs !
Nos pays ne sont plus nos terres, nos patries
Labourées par nos fils, gardées par nos fratries
Aimées par nos anciens jusqu’à l’immolation !
Nous sommes étrangers dans nos propres nations !
Nos gens ne forment plus un peuple, une culture,
Un gouffre s’est ouvert, une immense fracture
Entre l’oligarchie prônant l’immigration
Et tous les résistants défendant la Nation !
Nos clans recomposés ne sont plus des familles,
Nos arbres, nos lignées, sont de mortes ramilles,
Des branches desséchées sur des troncs foudroyés
Où rien ne pousse plus hormis des cœurs broyés !
Nos enfants ne sont plus que nos progénitures !
Arrachés aux parents sous ces vraies dictatures,
Endoctrinés partout, privés d’un vrai savoir,
Pervertis tout petits par un méchant pouvoir !
Nos corps idolâtrés et nos chairs vénérées,
Rassasiés de plaisirs, d’amours dégénérées,
Ne sont plus habités que d’esprits formatés,
D’âmes anesthésiées et de cœurs éclatés !
Nos chœurs ne chantent plus, finies les harmonies !
Des cris très furieux et plein d’acrimonie,
Des onomatopées et des rythmes méchants
Effacent nos beaux vers et couvrent tous nos chants !
Nos muses ont déserté, nos toiles, nos icônes,
Le Beau, le Bon, le Vrai, renversés de leurs trônes,
Sont bien loin, exilés, et des conjurateurs
Essaient leur tyrannie sur leurs admirateurs !
Nos âmes ne sont plus habillées de Lumière,
Habitées par la Grâce et la Bonté première,
Tout est désincarné, tout n’est qu’aliénation
Quand on renie le Christ et son incarnation !
© Jean-Pierre d’AIGREMONT
Membre de la Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques
Poème déposé à la SACD
