POÈME À MA FRANCE
Par Jean-Pierre d’AIGREMONT
« Glücklich wie Gott in Frankreich » - « Heureux comme Dieu en France » - ancien dicton allemand..
1
Ma France, souviens-toi de ton noble passé
Et du sens de l’honneur de tes fils trépassés,
De tous ces inconnus, de tous ces anonymes ….
Ils ont bien mérité le respect unanime !
Ma France, observe-les sur tous ces vieux clichés,
On voit à leur aspect qu’ils n’ont jamais triché.
Ils ne rêvassaient pas à des vies virtuelles,
C’est pleins de dignité, d’ardeur spirituelle,
Qu’ils assumaient leur sort et la réalité.
Ils étaient anoblis par tant d’humilité !
2
Ma France, souviens-toi de ta vivacité,
Souviens-toi du bonheur, de sa simplicité:
Tes fêtes bon-enfant et tes jolies kermesses
Etaient de bon-aloi et tenaient leurs promesses.
Tes filles et tes garçons chantaient à l’unisson,
On entendait partout leurs rires, leurs chansons !
On dansait la java dans tous les bals musettes !
La moindre Jeanneton ou la moindre cousette,
Dès qu’elle ouvrait son cœur, avait pour son amant
Le visage idéal des Reines de roman !
3
Ma France, souviens-toi de ton urbanité,
De ton galant respect pour la féminité.
Tes bourgs étaient si clairs, si sûres tes bastilles,
Les femmes sans souci et les petites filles
S’y promenaient en paix, l’esprit libre et fervent,
Le pied menu, le jupon court, cheveux au vent,
Fredonnant des chansons si pleines d’insouciance,
Gardées par leur vertu, leur Foi et leur conscience,
Sans voile et sans turban, sans crainte d’un affront,
Avec, pour leur pudeur, cette lumière au front !
4
Ma France, souviens-toi de ta tranquillité,
On admirait partout ton hospitalité !
Les maisons de tes fils étaient toujours offertes,
Leurs portes, nuit et jour, étaient grandes ouvertes
Et leurs clefs sur la clenche ou sous le paillasson.
Et l’on voyait tes gars partir pour la moisson
En sifflant, en chantant, pleins d’allant, de courage !
Ils aimaient le travail, le bon et bel ouvrage.
S’ils vivaient pauvrement d’un maigre gagne-pain,
Chacun était chez soi un maître, un souverain !
5
Ma France, souviens-toi de ton esprit frondeur,
De Gavroche, de son argot, de sa verdeur.
Tes "apaches" railleurs, avec leurs rouflaquettes,
Leurs cheveux gominés, avaient sous leurs casquettes
Des airs de bons larrons et d’Arsène Lupin !
Quand ils dévalisaient les coffres des rupins,
Les tableaux des marquis, les bijoux des comtesses,
Ils le faisaient toujours avec délicatesse …
Amateurs raffinés, esthètes consciencieux,
Ils ne s’intéressaient qu’aux biens les plus précieux !
6
Ma France, souviens-toi de tous tes braves vieux
Qui vivaient entourés jusqu’au dernier adieu !
Toute vie s’écoulait du début à son terme
Auprès des siens, dans sa maison ou dans sa ferme !
Tes vieillards devisaient à la belle saison
Assis paisiblement au seuil de leurs maisons,
Le menton sur les mains, appuyés sur leurs cannes ...
Penseurs pleins de bon sens, de vertus paysannes !
On voyait sur leurs traits gravé leur testament,
Et dans leurs yeux si bleus déjà le firmament !
7
Ma France, souviens-toi du labeur des anciens,
Des chefs-d’œuvre produits par ces vrais magiciens.
Tes fils étaient si forts, si braves leurs compagnes,
Ils changeaient en jardins les plus rudes campagnes
Et les pauvres hameaux en splendides cités !
Ils ont dit le bon goût, l’art de la Francité,
Marquant d’un sceau nouveau qui les immortalise
Tes bourgs et tes châteaux, tes clochers, tes églises !
Le Beau, le Bon, le Vrai leur étaient familiers
Et ils ont engendré des génies par milliers !
8
Ma France, souviens-toi de tes brillants esprits,
De ce qu’ils ont donné, de ce qu’ils ont appris
Au monde, à l’Occident et aux races futures !
Ta Science et tes Beaux-Arts et ta littérature
Rayonnaient dans les cœurs, éclairaient la Raison.
On admirait partout leur riche floraison !
Pour sa grande beauté, sa clarté, sa justesse,
Ta langue était parlée par les Rois, les altesses,
Les savants, les lettrés, avec inclination !
Tu étais l’idéal et l’aînée des Nations !
9
Ma France, souviens-toi de tous tes conquérants,
De tes vaillants guerriers et de tes vétérans,
De ta Chevalerie, de toute ta noblesse
Qui défendit ton sol sans peur et sans faiblesse !
Souviens-toi des soldats tombés aux champs d’honneur,
De ces jeunes garçons, des gamins, des mineurs,
Qui sont morts à vingt ans, qui étaient volontaires !
Des glorieux généraux aux simples militaires,
Ces armées de héros, recrues et lieutenants
Se battent à tes côtés de là-haut maintenant !
10
Ma France, souviens-toi des premiers Lutéciens,
De la geste des Francs, de tes Rois Capétiens,
De Clovis, de Rémy, de toutes les campagnes
Du grand Charles Martel et de Saint Charlemagne
Chassant les sarrasins avec leurs cavaliers !
Invoque Saint Louis le beau Roi Chevalier,
Et Sainte Jeanne d’Arc la petite pucelle,
Tous ceux qui sont debout quand la Patrie chancelle !
Ma France, souviens-toi, et avec componction,
Des serments que Dieu fit quand tu reçus l’onction !
11
Ma France, souviens-toi de ta grande ferveur,
De la Foi de tes fils en Jésus le Sauveur !
Ils ont avec le Ciel fondé des jumelages
Et on ne compte plus le nombre de villages
Qui portent un nom de Saint ou un nom de Martyr !
S’ils ont taillé ton sol, c’est pour te revêtir
De cloîtres, d’Abbayes, de chapelles claustrales,
De jolis Prieurés, d’églises cathédrales ;
Leurs flèches, leurs clochers, en tous points, en tous lieux,
Montrent la voie du Ciel comme le doigt de Dieu !
12
Ma France, souviens-toi de tous tes Bienheureux,
De tes Saints, tes martyrs, tes Prêtres, tes Chartreux !
Ils ont donné leur vie, au nom de l’Evangile
Pour soigner les souffrants, aider les plus fragiles,
Eduquer les enfants, gagner les incroyants,
Les sauver de l’Enfer tout en les ondoyant.
Dans tes congrégations, tes œuvres charitables,
C’est Dieu qui prenait chair, qui servait à nos tables ...
Et l’on disait partout ce dicton t’honorant :
«Être heureux comme Dieu au royaume des Francs !»
13
Ma France, souviens-toi et sors de ta torpeur !
Bannis les faux devins, leurs oracles trompeurs !
Souviens-toi du passé ! Retourne à tes racines !
On veut te diffamer, sur toi on vaticine,
On cherche à te briser, à te désespérer !
On ne fait que mentir et que vitupérer
Contre toi, ton passé, ta geste magnifique.
Des traîtres, des Judas, élus et hérétiques,
Ont ourdi des complots, de vraies machinations !
Mais Dieu est avec toi, le Grand Dieu des Nations !
© Jean-Pierre d’AIGREMONT
Membre de la Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques
Poème enregistré à la SACD