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9 août 2014 6 09 /08 /août /2014 21:40

Poème aux deux jardins

 

J’ai eu cette vision, pensée prémonitoire,

Que toute notre vie, que toute notre histoire,

Que notre éternité et que tous nos destins

S’accomplissaient au cœur de deux divins jardins !

 

premier jardin :

 

C’était dans un jardin, un jardin féerique,

Un jardin merveilleux, fabuleux, onirique,

Le premier des jardins, un verger virginal,

Que nul n’avait foulé, le clos original !

 

Un parfum enivrant, une bruine dorée

Nacraient ces bois divins; une essence ignorée,

Une douce lueur, une aura de satin

Irisaient cet Eden en ce premier matin !

 

Des ruisseaux irriguaient ce jardin exemplaire.

Des gaves, des torrents, des cascades d’eau claire

Bruinaient et tamisaient - voile révérenciel -

La lumière du jour, formant des arcs-en-ciel !

 

Des bourgeons étonnants, des baies miraculeuses,

Des fruits mystérieux et des fleurs fabuleuses

Aux changeantes couleurs couvraient ses frondaisons ;

Credo luxuriant, florissante oraison !

 

Des oiseaux par milliers, aux somptueux plumages,

Emplissaient de leurs chants, de leurs joyeux ramages,

Cette jungle ordonnée ; et leurs modulations

Formaient un chœur sacré sous les constellations !

 

Cet Eden merveilleux, cette oasis féconde,

Ce jardin suspendu tout au centre du Monde,

De gloire auréolé, éclatant de Beauté,

Charmait les Séraphins de par sa nouveauté !

 

En ce sixième jour, en cette aube première,

Ce jardin éternel, rayonnant La Lumière,

Brillait dans le cosmos, prodigieux ostensoir !

Et Dieu s’y promenait à la brise du soir ….

 

C’était dans un jardin, Dieu y prit de la glaise,

Il en forma Adam et il en fut fort aise.

Il souffla sur ce corps et l’homme s’anima !

Le visage divin dans son cœur s’imprima !

 

Nous sommes tous Adam et nous sommes tous Ève !

Et c’est dans ce jardin que notre vie s’achève

Dès que nous désirons les fruits du tentateur,

Dès lors que nous doutons de notre Créateur !

 

Oui, c’est dans ce jardin que nous passons nos vies

À goûter comme Adam, au gré de nos envies,

À ce fruit défendu donnant la déité,

Ignorant et l’Amour et la licéité !

 

second jardin :

 

C’était dans un jardin là-bas en Palestine,

Un jardin familier qu’on foule et qu’on piétine,

Un clos semé d’ivraie, de pierres, de graviers,

Un jardin très banal, petit bois d’oliviers !

 

Une forte chaleur, une vraie canicule,

Ecrasait le jardin et jusqu’au crépuscule

L’azur lourd et brûlant, tel un manteau d’airain

Jeté depuis le ciel, régnait en souverain !

 

Pas une goutte d’eau et pas une rivière,

Des herbes desséchées, des nuées de poussière,

Des arbres décharnés brûlés par la chaleur

Qui semblaient supplier, tordus par la douleur !

 

Pas un fruit, pas de fleurs, sur ces ramures tortes,

Pas le moindre bourgeon, des branches comme mortes,

Des feuillages tout noirs, un décor pétrifié

Portaient déjà le deuil du Grand Roi sacrifié !

 

Les oiseaux se taisaient dans cette solitude,

Interdits et muets ou frappés d’hébétude ;

Leur silence montait tout là-haut jusqu’au Ciel,

Comme un « De profundis », un chant sacrificiel !

 

Ce jardin inquiétant et quasi désertique,

Ce Mont des Oliviers, ce très haut-lieu mystique

Où l’Amour fut trahi par un baiser trompeur,

Frappait les Séraphins d’une grande stupeur !

 

En ce jour consacré, ce jardin du supplice

Brillait dans le cosmos comme un divin calice,

Un Graal prodigieux, la coupe des douleurs !

Dieu y versait son sang, Dieu y versait ses pleurs ….

 

C’était dans un jardin, un aride domaine

Où Dieu assuma seul la vraie nature humaine,

Il prit sur Lui le Mal et sur Lui les péchés,

Il y versa son sang sur nos cœurs desséchés !

 

Nous sommes Pierre et Jean, nous sommes ces Apôtres,

Et nous nous endormons pendant nos patenôtres,

Couchés dans ce jardin où Dieu prit nos fardeaux,

Où il versa pour nous beaucoup de sang et d’eau !

 

Oui , c’est dans ce jardin décrit dans l’Evangile,

Que nos corps fatigués, que nos âmes fragiles

S’endorment chaque jour quand il faudrait veiller !

C’est là que le Seigneur vient tous nous réveiller !

 

épilogue :

 

C’est là, dans ces jardins, que nous passons nos vies !

Ces jardins sont réels, mais notre âme asservie,

Nos yeux pleins de torpeur les transforment souvent

En de brûlants déserts battus par tous les vents…

 

©Jean-Pierre d’AIGREMONT

Membre de la Société des Auteurs Compositeurs Dramatiques

Poème déposé à la SACD

 

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